Salmo Salar emblème de l’eau pure et de la pêche sportive.
Si un poisson a vu au cours du siècle précédant son aire de répartition réduite par la faute de l’homme, c’est bien le
saumon Atlantique. Les pollutions, les barrages, la surexploitation des ressources marines, les élevages industriels (Norvège, Ecosse) restent les principales causes de sa disparition. Elles ont favorisé le développement de
maladies comme l’UDN (nécrose ulcérative du derme) ou de parasites (girodactilus salaris). Le grand migrateur devrait être présent normalement dans pratiquement tous les cours d’eau européens de la façade Atlantique, grands fleuves compris.
Tacon ou
tocan,
parr,
smolt,
castillon (grisle), saumon de printemps, d’été … les appellations pour chaque stade de sa vie montrent une richesse qui tend à prouver l’importance qu’il a pu avoir autrefois. Le réchauffement climatique ne lui est guère favorable. Les plans saumons et autres dispositifs auront bien du mal par exemple à maintenir les effectifs espagnols ou ceux du bassin versant de la Garonne, voir même ceux du Sud de la Loire où il y a encore quelques décennies, les pêcheurs sportifs pouvaient affronter des saumons de plusieurs hivers de mer pouvant atteindre de 15 à 20 kg, voir plus pour des poissons exceptionnels.
Nom scientifique : Salmo Salar.
Famille :
salmonidé.
Physique
Du tacon, immature aux flancs ornés de taches bleutées au parfait et superbe grand saumon argenté fraichement monté puis au « ravalé », rare survivant de la période de reproduction, la morphologie du saumon ressemble un peu à celle de la
truite commune et évolue beaucoup avec l’âge. La silhouette reste cependant toujours plus élancée que celle d’une
truite, la gueule nettement plus petite par rapport au corps (1/6ème pour le saumon, 1/5ème pour la
truite fario), sa queue plus échancrée. Argenté quand il revient de mer ou qu’il y descend (smolt), il se colore en eau douce au fur et à mesure que la période de fraie approche. Les pêcheurs parlent de saumon « bleu » ou « rouge ». Si le « no kill » n’a en général pas trop la faveur des pêcheurs amateurs de saumons, les pratiquants choisissent de plus en plus souvent de gracier un poisson qui a plusieurs semaines de rivière (coloré) ou à partir de leur deuxième ou troisième capture. Sa beauté, associée au mystère de ses migrations et à ses capacités de franchissement l’a fait choisir comme symbole de nombreuses armoiries et de l’eau pure.
Différences entre tacon et truite immature (observez l'aplomb de l'oeil qui, contrairement à la truite, ne dépasse pas la machoîre chez salmo salar)
Habitat
De la zone de montagne où l’accès à ses frayères ancestrales a été souvent bloqué par des barrages, aux plaines, le saumon a besoin d’eaux correctement oxygénées et d’un substrat dur constitué de gros graviers et de cailloux plus gros que ceux utilisés par les truites pour se reproduire. S’il était présent un peu partout du Portugal au Nord de l’Europe avant l’édification des barrages, sa lente et inexorable disparition semble devoir se poursuivre si rien n’est réellement fait pour restaurer la qualité des milieux aquatiques. Il est déjà considéré comme absent de la Belgique, de la Hollande, de l’Allemagne et de la Suisse. La liste des principaux bassins versants où il est encore bien présent dans notre pays est aujourd’hui très restreinte. Du Nord, au Sud : en Normandie : Couesnon, Sélune et Sée, Sienne, Orne , Bresle ; en Bretagne : Leff, Trieux, Jaudy, Gaindy, Léguer, Yar, Douron, rivières de Morlaix, Penzé, Elorn, Flèche, Abers, Aulne pour la partie Nord, Goyen, Steir, Odet, Jet, Aven, Isole, Ellé, Scorff et Blavet pour la partie Sud ; le bassin Loire –Allier, le Gave d’Oloron, Gave de Pau, Gave de Mauléon, la Nive et la Nivelle (d’après Baglinière et Porcher). Plusieurs autres bassins versant de petits fleuves bretons sont encore également colonisés (Abers, Flèche, Quillimadec…). D’importants travaux de sauvegarde et de restauration de l’espèce sont en cours en particulier sur les bassins du Rhin, Loire Allier, de la Dordogne, de la Garonne.
La capitale mondiale de la peche au saumon depuis 53ans est située a Navarrenx (64).
Crédit photo:
Pêche
Le matériel doit être adapté car attaquer un grand saumon des gaves ou de l’Allier n’est pas comparable à la même action sur les rivières bretonnes ou normandes (où les prises demeurent normalement plus modestes). De plus, les saumons qui montent à partir du mois de juillet ou août sont plus légers et le matériel doit donc être adapté (taille moyenne inférieure à 65 cm pour un poids de 2,400 kg à comparer avec les saumons de printemps: plus de 70 cm et 4 kg, parfois beaucoup plus). Le saumon est censé ne plus se nourrir quand il arrive en eau douce. Ses organes digestifs s’atrophient. Sa prise est considérée parfois comme une loterie qui impose au pêcheur une très grande constance. Il faut pêcher les postes qui varient avec la hauteur d’eau.
Leurres (
durs ou
souples, cuillères tournantes ou ondulantes dont la célèbre « Quimperloise »), poissons morts (gros vairon ou loche de rivière), crevettes, vers de terre et mouches peuvent faire monter un saumon. C’est là que débute le bal avec le grand migrateur considéré à juste titre comme le plus rapide et le plus combatif de nos eaux. La pêche du saumon
à la mouche est considérée comme « La plus belle des pêche pour le roi des poissons. » Le nombre d’ouvrages consacrés à cette technique montre bien le caractère quasi mythique de cette technique appliquée au
salmo salar.
La pêche du saumon est parfois interdite dans certains cours d’eau. Elle nécessite l’acquisition du timbre grand migrateur et, quand elle est autorisée, fait l’objet de réglementations particulières comme les totaux autorisés de captures (TAC) qui s’appliquent différemment en fonction du type de poisson (saumon de printemps ou castillon). La déclaration des captures est obligatoire (carnet, bague et mode d’emploi sont remis avec le timbre migrateur). Il convient donc de bien se renseigner avant de s’attaquer à cette espèce emblématique.
Un saumon de Nico (guide de pêche à la maison de la rivière de Sizun), capturé le 17 juin 2012 dans l'Elorn sur le parcours mouche du Quinquis (29 N)
La migration
Depuis sa naissance dans une gravière bien oxygénée, souvent située en tête de bassin, jusqu’au retour du même individu adulte, la durée peut être très variable car les tacons commencent leur vie par une ou deux années en rivière en fonction de la richesse du milieu et de son éloignement de la mer. La « smoltification » peut intervenir lorsque le tacon mesure entre 12 et 22 cm. Ensuite,
salmo salar au comportement très territorial deviendra momentanément grégaire pour descendre le cours d’eau qui l’a vu naître. Une fois en mer, il prendra la route du grand large en direction du Nord-Ouest, parfois jusqu’au Groenland, passant au large de l’Irlande et des îles Féroé. Les retours s’échelonneront après entre 12 mois et 18 mois de mer pour les castillons et jusqu’à plus de cinq ans pour les « plusieurs hivers de mer ». Comme la croissance en mer est plus forte qu’en eau douce, les pêcheurs auront peut être la chance de croiser un de ces grands migrateurs en route vers sa zone de frayères. Les plus grands saumons pêchés en France en 2011 l’ont été sur le gave d’Oloron et l’Elorn (deux poissons de plus de 90 cm et de 9 kg). Sur l’Elorn, et en Bretagne, une telle taille reste cependant assez rare. La majorité des géniteurs remontant les cours d’eau bretons sont des un ou deux hivers de mer.
ravalé, saumon male ayant frayé et qui repart en mer