Les animalistes nous obligent à réfléchir à ce qu'on fait et ce qu'on prône. C'est le bon côté des choses, si on devait en trouver un.
Comme ça de loin, je vous au moins 3 grandes thématiques sur lesquelles nous avons essayé de progresser collectivement en tant que pêcheurs, et notamment dans ces colonnes :
1. l'halieutisme.
Qui comprend la préservation des poissons en tant que ressource pour le pêcheur de loisir et l'accès aux milieux. Quand je dis ressource, ce n'est pas dans le sens "ressource alimentaire".
Dans l'halieutisme, je range des trucs comme les mesures de soutien aux populations et les mailles par exemple.
2. la protection de l'environnement
Le fameux "PMA", il faut bien le dire souvent oublié dans les politiques de gestion. Quand ça se passe bien, en tant que pêcheurs nous défendons la qualité de l'eau. Je range aussi dedans certains aménagements de plans d'eau et de rivières qui favorisent la biodiversité. Mais je pense qu'on va être d'accord que notre politique actuelle de PMA se fout un peu (un peu beaucoup) des oiseaux, des insectes, des loutres et des plantes palustres.
3. la "cause animale"
Vous avez remarqué les guillemets. Je n'aime pas trop ce terme mais je n'en ai pas de meilleur sous la main comme ça.
Maintenant, le truc drôle...
Dans quelle catégorie vous mettriez le catch and release ? Les hameçons simples sans ardillons ?
Vous voyez bien le débat : si ça rentre dans l'halieutisme ou dans la PMA, ça se défend bien dans le contexte actuel où nous avons les animalistes sur le râble.
Si ça rentre dans la cause animale, alors nous donnons du grain à moudre à nos opposants.
Avant, nous mélangions tout allégrement. Dans "prendre soin du poisson", on mettait à la fois un bisou, le fait de l'appeler "partenaire de jeu", le fait de relâcher les junéviles et les plus gros poissons ou de ne prélever que rarement voire pas du tout, d'éviter les pêches profondes, de pêcher en simple ou de ne pas laisser traîner ses déchets sur les berges.
Et maintenant, on ne sait plus sur quel pied danser.
Faut il renier nos engagements passés, à dénigrer les viandards et les
vifeurs, symbole d'une pêche qui nous semblait obsolète ?
Faut il rester sur notre ligne de crête, à faire les funambules entre les
vifeurs et les animalistes ?
Faut il repenser tout de fond en comble et si oui, comment diable fait on ça ? Surtout quand on n'a pas de poids politique et qu'on estime très mal celui de la partie adverse ?
On n'a pas le cul sorti des ronces, j'vous l'dit.
En même temps, nos positions sont archi dominantes. Pas en tant que "pêcheurs sportifs modernes aux leurres", mais en tant que pêcheurs, tout simplement.
Les animalistes ont encore pas mal de taf devant eux. Ils ont remporté des victoires c'est sûr (encore tout récemment, la fermeture du Marineland d'Antibes), mais qui peut prédire si leur mouvement ne va pas s'essoufler, si leur heure de gloire n'est pas déjà derrière eux ?
Ou si au contraire ils sont en plein ascension et vont bientôt faire la pluie et le beau temps sur la politique de chez nous ?
Franchement, à regarder le contexte politique général...
Que je regarde sur place, vers l'est ou l'ouest, le sud ou le nord, je trouve que les positions conservatrices (dans le cas présents, nous sommes les conservateurs), ont plutôt le vent en poupe.
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