Le
silure est apparu assez récemment dans les eaux françaises : un propriétaire ou pisciculteur du bassin de la Saône (Est de la France) l'ayant volontairement introduit dans les années 1970. Après avoir été capturé pour la première fois dans la Seille, puis la Saône, le Rhône, il a colonisé ensuite l'ensemble du territoire français, que ce soit en rivière ou en étang où il est introduit souvent clandestinement. Sa répartition plus ou moins naturelle était avant ça semble-t-il délimitée par le Rhin en Allemagne (où l'espèce était qui plus est relativement rare).
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Nom scientifique:
silurus glanis.
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Famille:
siluridae.
Le silure est originaire du bassin du Danube qui prend sa source au nord des Alpes Allemandes.
Certains propos peuvent parfois affirmer qu'une forme primitive de l'espèce (ce qui n'est pas la même chose que le silure tel qu'on le connait aujourd'hui), a pu être présent en Europe de l'Ouest à une très lointaine époque (le Tertiaire) avant que les glaciations (du Quaternaire) ne l'éliminèrent et où les plaques terrestres du massif alpin se formèrent. Il ne faut pas oublier que les Alpes sont un massif relativement récent (par exemple les lacs
Léman,
du Bourget ou
d'Annecy ont été formés il y a 15 000, 19 000 et 18 000 ans... respectivement pour ces
grands lacs français).
Or en général pour parler d'espèce indigène, les scientifiques remontent jusqu'à il y a 8 000 ans seulement, soit le début du Néolithique. Les températures, la forme des Alpes au début de cette ère, laissent peu de place pour imaginer que le silure ait pu être un jour présent en France à une échelle admissible... Le silure en France s'est donc bel est bien répandu via la main de l'home et non tout seul.
Pour revenir à des faits plus facilement retraçables et vérifiables, la presse généraliste française s'est penchée sur cette espèce à partir des années 1985 seulement. Ceci correspond bien avec son arrivée tardive (et moins naturelle que certains l'avancent) dans les eaux françaises comme on peut le lire dans "Le silure glane: biologie, écologie, élevage":
Jean-Pierre Proteau, Olivier Schlumberger, Pierre Élie a écrit:
À l’échelle humaine, la présence du silure glane est récente en France et son aire de répartition a commencé à s’étendre progressivement dès les années 1965-1970, à partir des poissons « échappés d’étangs et de pisciculture » et d’introductions délibérés.
Le silure semble donc avoir colonisé d'abord une bonne partie de l'Europe de l'Est et du Nord avant d'être introduit plus récemment en Europe de l'Ouest. Le Mälaren, un des lacs le plus grands et connus de Suède (une destination brochet phare en Europe) tient son nom du silure où il est présent (Mal signifie silure en suédois). Cet exemple montre que dans le nord de l'Europe, où les températures sont plus froides, les populations de silure semblent modestes et se contenir, voire se raréfier. On trouve trace de cette espèce au Pays-Bas, au Danemark. Quelques populations présentes en Suisse également (d'origine non naturelles et introduites par l'homme au Moyen Age comme indiqué dans un
rapport du CSP datant de 2000) subsistent également sans augmenter. C'est notamment pour cette raison qu'il a été classé dans l'annexe III de la Convention de Berne comme espèce protégée globalement dans toute l'Europe. Toutefois l'état de ses populations dans les eaux plus chaudes, comme celles de la France, ne semble pas correspondre à l'état d'une espèce menacée.
Evolution du silure en France publiée dans une thèse de Guillaume Mathieu (ENVT) (1.)
Sur wikipedia, la carte est similaire:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Silure_glane#mediaviewer/Fichier:Silurus_glanis_distmap.png
Dans les années 80, le silure a été introduit de manière sauvage en Espagne dans le bassin de l'Ebre (Mequinenza, Catalogne, Espagne) et semble avoir procuré quelques inconvénients là bas au vu de la réglementation de Catalogne qui prévoit jusqu'à tuer les silures dès leur sortie des eaux. Plus récemment, le silure a été introduit de manière tout aussi illicite dans quelques autres bassins ibériques.
Physique
Il peut atteindre en France près de 3 m pour 130 kilos! Des histoires étrangères parlent de poissons qui feraient 5 m pour 330 kilos... Avis aux amateurs d'émotions fortes...
Le poisson record est en 2015 un poisson de 2m73 pour 130 kilos, capturé en France dans le Gard (un poisson de 2m67 pour 127 kilos avait été pêché quelques mois auparavant de la même année).
Le silure record capturé dans le Petit Rhône par S. Delabre
De part sa taille (et peut être aussi son physique pas forcément avantageux), il fait parfois l'objet de débats au sein même des pêcheurs. Certains l'accusent de tous les maux...
Alimentation
Le silure a un régime alimentaire principalement composé de poissons, tout comme le sandre. Ainsi 70% (et parfois jusqu'à 98%) de poissons peuvent composer sa prise alimentaire selon les études.
Le silure consomme entre 2 à 3 fois son poids par an (Source: "Le silure glane en France - IRD, CSP, CEMAGREF" 3.). Cela va même jusqu'à 3 à 5 fois pour un silure juvénile! Consommer 5 fois son poids, c'est également le rendement écologique d'un
brochet d'un kilo, mais l'alimentation de ce dernier reste en revanche plus diversifiée que celle du silure... De la même manière, le
black bass ne consomme qu'entre 20 et 50% de poissons parmi ses proies, c'est le sandre qui consomme le plus de poisson fourrage par kilo ! Mais vu que le poids moyen de ces prédateurs n'est pas comparable (le silure peut arriver aux environs de 100 kilos, le brochet dépasser 20kg et le bass 5kg), ces données sont difficilement exploitables seules pour comparaison...
Ecosystème
Peu d'études existent sur le silure et son classement en espèce globalement protégée en Europe ne risque pas de faciliter l'étude sur l'impact de ce poisson. Aujourd'hui aucune étude scientifique n'a relevé que ce poisson provoquait sensiblement des déséquilibres.
De manière locale, certaines voix s'élèvent pour faire connaitre des chiffres qui sont toutefois à prendre avec des pincettes et mériteraient un vrai aval d'autorités compétentes. Ainsi dans la Saône la biomasse de silure serait selon certains dires de 50% de la biomasse totale de poissons (la biomasse de carnassiers dans une étendue étant en moyenne plutôt 15% de la biomasse totale: cela signifie que sur 10 poissons, entre 1 et 2 sont un carnassier).
En 2014, une vidange de
Sarrans, la plus longue retenue de France (près de 40km de long), a eu l'air de démontrer que la population de silure y avait littéralement explosé (90% de la biomasse de carnassiers présents dans le lac étaient soi disant du silure) : encore une fois un chiffre qui aurait mérité d'être validé par un organisme compétent (la vidange n'ayant été que quasi totale et non totale tout en étant confiée à un pêcheur professionnel sans que l'on sache clairement si un organisme sérieux comme l'ONEMA l'ait contrôlé).
D'autres vidanges ici et là en France semblent toutefois montrer que lorsqu'une population de silure s'est répandue depuis un moment dans un plan d'eau clos, la biomasse de cette espèce est globalement très importante et les chiffres de 80% ou 90% parmi la biomasse de carnassiers seuls ne serait peut être pas si loin de la réalité. Il est grand temps que quelqu'un, autres que les pêcheurs qui ne sont peut être pas impartiaux, se penchent sur le sujet...
Depuis de longues années des discussions sont en cours sur le classement ou pas de l'espèce sur la liste des espèces susceptibles de provoquer des déséquilibres. La part des pêcheurs voyant dans ce poisson un intérêt halieutique (et économique!) et les personnes, pêcheurs ou non, plus sensibilisés par la biodiversité de nos cours et plans d'eau y vont de leurs arguments et contre arguments (sans toutefois, avec un minimum de recul, assez d'expertise réellement sérieuse surtout de réelle démarche scientifique).
En outre, ce carnassier n'a pas de prédateur (mis à part l'homme mais qui, en France, n'est pas friand de sa chair à la différence des pays d'où il est originaire dans lesquels il est très prisé dans l'assiette ayant peu d'arrêtes). Or pour qu'une espèce soit régulée, il est scientifiquement préférable (mais pas nécessaire) qu'elle ait un prédateur (les populations de poissons chat classés nuisibles sont et ont été régulées par le
black bass pendant longtemps...).
Impact
Peu d'études existent sur l'impact du silure dans une diversité représentative de types de milieux. En 2012, une thèse de l'Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse mentionne à ce sujet "
Aucune étude à ce jour ne permet de disposer de données scientifiques à ce sujet".
En 2013, une publication sur le Journal Officiel du Sénat mentionne "
l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (ONEMA) a répondu qu'aucune étude approfondie n'a jamais été menée à ce jour sur l'impact du silure sur la faune piscicole". Pour remédier à ce manque, certaines études ont été commandées comme par exemple à l'UMR-Ecolab Toulouse III. L'EPIDOR suit également le silure et son impact sur les espèces migratrices uniquement sur la Dordogne.
Pêche
La pêche du silure nécessite l'emploi d'un matériel solide (de type pêche au gros en mer). Cannes puissantes et gros moulinets pouvant contenir par exemple au mieux 300 m de nylon de 0.50 mm de diamètre.
Il est notamment possible d'utiliser de grosses cuillers ondulantes ou des leurres souples de type virgule/shad pour tenter un silure au leurre.
Littérature
Etant une espèce nouvelle en France, la littérature sur le silure est elle aussi assez récente. Vous trouverez notamment ce livre de 224 pages qui vous en dira plus sur l'espèce:
Références:
1. "Le silure glane: Biologie, écologie, élevage"
Jean-Pierre Proteau, Olivier Schlumberger, Pierre Elie
Editions Quae, collection Savoir Faire - 2008
2. Guillaume, Mathieu. Démographie et régime alimentaire du silure glane. Thèse d'exercice, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse - ENVT, 2012, 76 p.
3. Le silure glane (Silurus glanis, L.) en France.
Evolution de son aire de répartition et prédiction de son extension.
B. Valadou, 2007
4.
http://www.pratique.fr/silure-homme.html