Citation :
Alors j'ai utilisé le terme "disparu", ptet un peu fort,
Mais c'était plutôt en réaction au post de Jeje :
Pour rappel, les prélèvements par la pêche à la ligne n'ont jamais mis en danger les populations piscicoles.
Ca me laisse perplexe aussi, quand je vois nos étangs du 78 (fédéraux ou non),
Qui ont été viandés ces 30 dernières années (et +), et qui, par manque de moyen, sont peu ou pas rempoissonnés.
Ya pas photo qu'on fait beaucoup moins de prises, alors qu'à l'inverse, il y a de moins en moins de pêcheurs ici.
L'équation n'est pas bonne.
Et les poissons ne sont pas plus cons que dans les années 90.
Un gardon en vif reste un gardon..
Étrangement, la situation concerne les brocs et les sandres,
Mais, les carpes, qui sont pas ou peu prélevées, sont toujours présentes, apparemment dans les mêmes proportions moyennes.
Salut,
En fait tu fais un amalgame entre la qualité de pêche qui a diminué (halieutisme) et le maintien d'une population viable (la biologie).
D'une manière générale il faut se méfier de notre ressenti de pêcheurs. On peut prendre moins de poissons parce que quelque chose a changé dans le milieu, parfois de manière imperceptible, et la population piscicole n'est plus la même (en terme de densité / biomasse / espèces).
On peut aussi prendre moins de poissons parce qu'on passe au travers régulièrement. C'est fréquent sur le sandre et la truite et c'est d'autant plus marqué que les poissons sont gros.
La pression de pêche a également tendance a faire baisser les résultats, parfois drastiquement, même si quelques petits malins s'en sortent toujours mieux que la majorité.
Enfin, la population et en particulier celle des beaux poissons peut fortement diminuer par les prélèvements par la pêche à la ligne. Dans ce cas, il y a clairement moins de poissons de maille. C'est un grand classique pour le brochet qui a une bonne capturabilité.
Mais ce n'est pas parce que la population de poissons adultes a diminué, parfois fortement à cause de la pêche, que l'espèce est en danger. La nature a horreur du vide et elle compense toujours les pertes. Les leviers naturels sont tellement puissants qu'en comparaison les prélèvements par la pêche à la ligne sont insignifiants en terme de pérennité / maintien des espèces. Le recrutement naturel s'adapte au manque pour le compenser.
C'est automatique.
Ce sont ainsi des phénomènes naturels puissants qui permettent la résilience des populations, et ce, rapidement. C'est typique des poissons qui sont très fertiles, y compris avec très peu de géniteurs.
Il est donc impossible de venir à bout d'une population piscicole par la pêche à la ligne. Et si le milieu n'est pas en bon état et que les espèces ne peuvent pas accomplir leur cycle biologique, que l'on pêche ou pas ne changera rien. L'espèce sera voué à disparaître si la qualité du milieu ne s'améliore pas.
Pour résumer, les prélèvements par la pêche à la ligne peuvent modifier la structure des populations (plus ou moins de poissons / des poissons plus ou moins gros suivant si un recrutement important est nécessaire pour compenser les pertes / accentuer la domination d'une espèce sur une autre). Du coup la qualité de pêche peut en être affectée. C'est donc uniquement de l'halieutisme. Dans ce cas, à condition de bien poser le diagnostic et de bien choisir les sites, la règlementation peut modifier la structure d'une population (à forte capturabilité en général) pour coller aux attentes de telle ou telle catégorie de pêcheurs... ou pas si c'est mal fait !
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les effets de la règlementation sur la qualité de pêche (no-kill, fenêtre de capture, taille maximale de capture, quotas stricts pour les plus efficaces) sont d'autant plus marqués que le milieu est en bon état et que le recrutement est important.
A la limite, une règlementation très stricte peut maintenir une population correcte pour la pêche, à condition de la soutenir, dans un milieu flingué (brochet en canal non végétalisé par exemple).
Pour assurer la pérennité d'une espèce il faut travailler sur le milieu, la ressource en eau et sa qualité. Il n'y a pas d'autres solution possible. Penser que la règlementation est un levier efficace pour protéger les poissons est une chimère, malheureusement entretenue par certains gestionnaires et c'est gênant.
Voilà en résumé les compléments d'informations qui me semblaient nécessaires pour clarifier mes propos.
Dernière modification par jeje1445: 10 aou 2022 - 09:33