waoo a écrit:
Un autre truc que je ne comprend pas , c'est le taux de positivité comme on dit , dans les 5 % sauf erreur . Ça veut dire que 95 % des gens qu'on teste n'ont rien ? Mais qui donc sont ces gens qui vont se faire tester alors qu'ils n'ont rien ????
Oui en effet ça veut peu ou prou dire que 95% des testés n'ont effectivement rien (modulo quelques biais divers). Mais...
- d'une part le taux de positivité des tests est, entre autres indicateurs, un moyen dévaluer la progression du nombre de cas : à nombre de tests constants et politique de test constante, plus il y a de positifs et plus il y a de gens infectés dans la population et inversement. Donc c'est intéressant en soi comme donnée.
- d'autre part, il faut mieux tester trop que pas assez. Les pays qui, dans la première phase au printemps, ont relativement bien jugulé l'épidémie (Corée, Thaïlande, Australie, NZ, etc...) avaient des taux de positifs très faibles de l'ordre de 5% tandis que les pays où c'est un peu plus parti en sucette (à peu près toute l'Europe) avaient des taux de positifs entre 20 et 50% de mémoire. Ca veut dire qu'il existe une capacité de tests critique en deçà de laquelle, trop de malades échappent au radar et trop de malades s'ignorant sont lâchés dans la nature et du coup, toute lutte ciblée est perdue d'avance.
Etant donné la diversité de symptômes et - dans la plupart des cas rappelons le - leur légèreté, il vaut mieux tester des rhumes et autres bêtises pour cerner les malades que de tester sous des critères contraignants qui ne concernent finalement pas la majorité des malades.
Une autre donnée bien criante, a été la létalité "apparente", c'est à dire un comptage bête du nombre de décès / nombre de cas officiels. En Europe, beaucoup de pays observaient une létalité très forte. Pour avoir comparé les chiffres à fin avril, la France était même en tête avec une létalité de quelque chose comme 18% de mémoire. Ce qui signifie, compte tenu de ce qu'on sait aujourd'hui, qu'il y avait en réalité de l'ordre de 10 fois plus de malades que ce qui était réellement communiqué. D'où l'ingérabilité de la crise qui s'est réglée à coup de confinement drastique, faute de moyens comme on a aujourd'hui avec dépistages massif, enquêtes sur les chaines de contamination, isolement ciblés, etc... En comparaison, les pays qui testaient plus (Allemagne, Corée, etc...) avaient une létalité apparente plus proche de la réalité, quelques % tout au plus.
Les dépistages précoces ont une autre conséquence, c'est que les complications arrivent en moyenne nettement plus tard que le diagnostique lui même. Ceci peut expliquer, en partie (mais pas que), pourquoi on observe une envolée du nombre de cas et pas des décès et hospitalisations. Ca commence à s'amorcer et il est possible qu'il y ait un simple effet de retard sur ces dernières données.
PS : je ne bosse pas dans le médical mais j'ai un profil scientifique et, pour m'occuper pendant le confinement, à défaut d'aller pêcher, j'ai beaucoup travaillé à analyser les données covid et tenté de comprendre ce qui se passait.